Interstices : Kate Barry et le paysage

Commissariat : Sylvain Besson et Guillaume Fabiani

Du 10 janvier 2025 au 08 mars 2025 Gratuit

C’est avec une grand émotion que nous ouvrons l’année 2025 au Carré de Baudouin, le centre d’art de la mairie du 20e arrondissement, par l’exposition Interstices, Kate Barry et le paysage. Kate Barry, photographe d’exception, a marqué la photographie contemporaine par ses portraits et ses photographies de mode. C’est une facette plus méconnue de son œuvre qui est présentée aujourd’hui au Carré de Baudouin : ses paysages. A travers son appareil, Kate Barry révèle la poésie des lieux oubliés, marqués par le temps, et empreints d’une beauté singulière. Ces images nous invitent à poser un regard nouveau, presque nostalgique, sur ces espaces en marge, témoins silencieux de la transformation urbaine. Nous sommes très fiers d’accueillir cette exposition, qui révèle la sensibilité de cette grande artiste et fait découvrir des œuvres jusqu’alors inconnues du grand public. Nous vous souhaitons une excellente visite !

Eric Pliez, maire du 20e arrondissement

Marthe Nagels, adjointe au maire du 20e arrondissement en charge de la culture

 

Tout aurait mené la photographe Kate Barry à la lumière, aux paillettes, à la facilité. Au sein d’un contexte familial avantageux, elle a « fait » sa renommée avec des modèles prestigieux (des stars de la variété́ française, des actrices, des mannequins célèbres). Au début des années 2000, Kate Barry est une portraitiste reconnue, une photographe de mode accomplie. Elle s’emploie à partir de 2002 à dépasser ce cadre rigide qui l’enferme et la limite. Le paysage devient son nouveau « terrain de jeu », son territoire d’expression intime, la voie par laquelle elle pourra exprimer sa sensibilité́ et son talent.

Dès ses premiers essais photographiques en Bretagne dans les années 1995-1996, Kate Barry met en place une écriture photographique qui lui est propre : l’enfermement, la contrainte, les décors dépouillés presque à l’état de ruine. A partir de 2002, cette écriture se déploie : le paysage et la ruine, la trace résiduelle du végétal dans une architecture à l’état d’abandon, la mélancolie, des atmosphères pesantes. Dès lors, Kate Barry mène de front sa carrière de photographe de commande et ses recherches personnelles autour du paysage. Mais d’un paysage singulier, à échelle humaine, loin du panorama contemplatif ou de la complaisance.

Au gré́ de ses voyages, parfois accompagnée de l’écrivain globe-trotter Jean Rolin aux quatre coins du monde (Jordanie, Etats-Unis, Inde… Dinard), Kate Barry accumule les paysages, des morceaux de route, des ciels plombés, des architectures à l’abandon, de fragiles végétaux trouvant le chemin de la lumière au cœur du béton, … Marie Darrieussecq parlera de tiers-paysages.

Alors que le fonds de Kate Barry est conservé par le musée Nicéphore Niépce depuis 2021, l’exposition Interstices se propose de redécouvrir le travail de paysage de Kate Barry, qu’elle a peu exposé de son vivant et que les expositions « The Habit of Being » (Arles, 2017) et « My Own Space » (musée Nicéphore Niépce, Chalon-sur- Saône, 2023) n’ont fait qu’effleurer.

Biographie de Kate Barry

Kate Barry [1967-2013] débute sa carrière de photographe en 1996. Les commandes pour la mode et les magazines font sa renommée et son œuvre participe de la construction de l’imaginaire d’une époque [campagne mère-fille pour Comptoir des Cotonniers en 2003-2006, portraits d’actrices lors de la sortie du film Huit Femmes de François Ozon en 2002, etc.].

Malgré́́ les contraintes des commandes, la photographe impose son regard, ce qui l’autorise à développer des projets plus personnels. Celui consacré aux salariés du marché international de Rungis [Les Gueules de Rungis, 2009] fera date, mais son œuvre autour du paysage est celle où elle exprime le mieux sa sensibilité́́. À l’opposé du clinquant des magazines, des impératifs des commandes et de la surmédiatisation de sa famille [elle est la fille de John Barry et de Jane Birkin], Kate Barry y propose des atmosphères dépouillées, faites de poésie et de subtilité́́, à la fois mélancoliques et oppressantes.

En 2021, la famille de Kate Barry a donné au musée Nicéphore Niépce l’intégralité́́ de ses négatifs couleur et noir et blanc, sa production numérique, ses planches- contacts, une sélection de tirages ainsi que ses deux principales expositions [Bunkamara Gallery, Japon, 2000 et Arles, 2017]

Le musée Nicéphore Niépce

Le musée Nicéphore Niépce s’est imposé depuis sa création en 1974 comme le lieu de conservation, d’étude et de valorisation des fonds photographiques les plus divers, de l’invention du procédé par Nicéphore Niépce aux dernières avancées du numérique.

La collection est riche de plus de trois millions de phototypes, 6 000 appareils photographiques, 30 000 livres de photographies et 40 000 revues illustrées par la photographie ou sur la photographie.

Le musée Nicéphore Niépce s’attelle à rendre compte de la diversité du photographique et de sa pratique, au sein de son parcours permanent, dans des expositions temporaires et sur Internet. Que ce soit par la présentation d’originaux ou via des installations multimédias, le musée Nicéphore Niépce renouvelle l’étude et la valorisation de la photographie.

texte de Sylvain Besson

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