« Pour son 20ème anniversaire, MYOP poursuit l’exploration de son archive photographique avec cette question fébrile sur les lèvres : comment habiter encore le monde ? Quand les équilibres bioclimatiques chavirent, 
que les inégalités se creusent, que tous les égoïsmes et les autoritarismes progressent — quand le réel lui-même s’élabore selon la fantaisie de chacun — de quelles puissances renouvelées doit-on investir le présent pour recomposer des mondes en commun, des mondes habitables ?
Poème visuel collectif tissant des liens entre les histoires de chaque auteur, cette exposition convoque une assemblée de voix humaines, animales, mémorielles et symboliques pour dire le trouble de l’époque et y puiser des forces joyeuses de métamorphose. 
Partant des terres bouleversées par les crises écologiques, l’exploitation des ressources et les conflits armés, les images tracent un chemin inattendu à travers des motifs où la vie, obstinée, s’entête à créer ses propres conditions d’habitabilité : l’espace du campement et des marges, 
l’impérieuse présence des corps et la dignité des regards, les gestes d’étreinte et de résistance, la quête patiente des absents qui peuplent nos vies et les parsèment de signes à décrypter… Au terme de ce voyage, les photographies elles-mêmes migrent vers des nouvelles formes du visible et ouvrent la voie au réensauvagement des images — au tenace, fragile et sauvage espoir qu’elles portent de défendre encore pour longtemps la poésie du monde. »
Michel Slomka